Art et science, la création d’un dialogue ?

Art et science, deux approches pour représenter le monde ? – Ils sont nombreux – philosophes, scientifiques, artistes – à considérer que l’art et la science seraient deux manières de représenter le monde, ‘au-delà d’une valeur de vérité, simplement selon des critères de justesse ou de précision’ (Nelson Goodman, Manières de faire des mondes). Jean-Marc Chomaz, physicien de la mécanique des fluides et artiste, appelle même la science de ‘’pratique artistiques spécifique’’ dans ce sens où les scientifiques, au même titre que les artistes, ‘’appliquent leur approche dans le monde réel et s’engagent dans leur vision par le biais d’expéditions, réelles ou virtuelles, et d’expériences de pensée’’.

Selon lui, la science, comme l’art, cherche à interroger notre perception, notre représentation et pensée du monde pour produire une vision partagée et syncrétique des défis de notre société

Art et science, la création d’un dialogue sensible entre scientifiques et non-scientifiques – L’art produit des images, des artefacts sensibles, matériels ou immatériels, qui constituent des représentations du monde, colorées par la culture et les valeurs esthétiques de la personne qui les a réalisés. L’art peut ainsi produire des supports et être un médium qui servent de langage pour amener un dialogue entre scientifiques et non-scientifiques, qui habitent le même monde réel, mais qui n’en font pas la même expérience ni en perçoivent les mêmes choses. Ce dialogue peut se construire à différents niveaux et à des fins différentes : i) entre le chercheur et ce qu’il étudie, ou les personnes concernées par son étude, dans un but de production de connaissances (ethno et anthropologie, courant des sciences citoyennes et participatives…), ii) entre le chercheur et un non-scientifique artiste dans un but de production de connaissances mais aussi de sensibilisation à des phénomènes scientifiques et des enjeux sociétaux, ou encore iii) entre la communauté scientifique et la société dans une perspective de médiation et de transfert de connaissances.

Art et créativité, vers une science participative pour répondre aux problématiques sociétales –  Notre exploration des liens art-science cherche donc à révéler pourquoi et comment les scientifiques mobilisent l’art et la créativité dans leurs méthodologies de recherche, pourquoi et comment ils collaborent avec des artistes, et cela dans une perspective de construction et/ou de dissémination des savoirs scientifiques.

Dans la tête de l’inventeur !

Léonard de Vinci était il un copieur ?

Avion, hélicoptère, parachute… On prête à l’ingénieur en chef de la Renaissance toutes sortes de créations. Il s’est surtout beaucoup documenté.

En 2000 fut retrouvé le plan d’un parachute conçu par Léonard de Vinci (dessin). Expérimenté la même année en Afrique du Sud (photo), l’engin aurait tué son utilisateur si ce dernier n’avait pas déployé, avant l’atterrissage, un parachute ventral moderne, beaucoup plus léger.

Si personne ne peut honnêtement affirmer qu’il est l’auteur de telle ou telle invention, la gloire qui auréole le bonhomme en fait le créateur de toute la Renaissance. Et c’est beaucoup. De son vivant comme depuis sa mort, tous les cinquante ans en moyenne, un mythe nouveau vient orner son crâne de lauriers neufs. Chaque époque a son Léonard et met en exergue une facette de son génie. Philosophe pour François Ier, ce dernier l’invite en Touraine afin de mettre en scène son règne et illustrer ce qui sera le rêve de Nietzsche : « Qu’importe tout notre art dans les œuvres d’art, si l’art supérieur, qui est l’art des fêtes, se met à disparaître. » Ses tableaux ne nous sont parvenus que, par surcroît et par hasard, parce qu’il avait pris avec lui pour franchir les Alpes les quelques chefs-d’œuvre dont se régalent nos musées.

Légende sublime. Si pour Vasari, au XVIe, il est le théoricien de la pensée académique, le XVIIIe siècle s’intéresse surtout à ses « grotesques », alors que le XIXe l’intronise « romantique », oscillant entre horreur et grâce. Sous la plume de Stendhal, Gautier ou Michelet s’élabore le caractère moderne du Léonard qu’on adule aujourd’hui. Dès le XIXe siècle, on en fait une légende sublime, mais fort peu illustrée. Moins d’une vingtaine d’œuvres nous sont parvenues si l’on ne tient compte des dessins, qui étaient plus délicats à attribuer avec certitude au mitan du XXe siècle. Or seuls ses dessins attestent de ses prétendues inventions. Et je dis « prétendues » parce qu’on n’a toujours pas tranché entre ce qui appartiendrait en propre à Léonard et ce que tous les artistes-ingénieurs de la Renaissance ont cherché à mettre au point.

Au fur et à mesure qu’on retrouve de nouveaux carnets, avec les moyens scientifiques pour les authentifier, enfle l’héritage des inventions qu’on lui accorde. Dévoilées fin XIXe par des publications inédites, toutes les machines ébauchées par sa main sont aussitôt attribuées à Léonard, consacré technicien en chef de la Renaissance.

Dès l’origine, la légende en a fait un génie, mais pour quelle invention ? Comme son excellence ne s’étaye sur aucune œuvre aussi majeure que la Sixtine de Michel – Ange – « La Joconde » ne suffisant pas à justifier pareille célébrité -, pour l’auréoler de mystérieux sortilèges, le XXe siècle est trop heureux de lui attribuer toute machine reconnaissable dans ses carnets. Sans doute en a-t-il amélioré et enjolivé quelques-unes. Effectivement, les dessins sont de sa main, mais comme on n’a pas recherché avec la même avidité les cahiers des Ghirlandaio, Uccello ou Botticelli, Vinci reste seul pour endosser ces créations.

Prescripteur. Le moine franciscain anglais Roger Bacon vécut au XIIIe siècle. Il consigna son savoir philosophique, scientifique et alchimique dans un « Opus majus » qui servit de vade-mecum aux étudiants florentins.

Bacon, « Doctor mirabilis ». Certains historiens préfèrent le doter d’une bonne intuition en géologie, en géométrie, en balistique et en hydraulique – l’eau le fascine. En optique, aussi : Léo fabrique lunettes et lentilles, mais suivant les descriptions de Roger Bacon, ce fameux moine anglais du XIIIe siècle surnommé « Doctor mirabilis ». Dès le Quattrocento, les idées de ce franciscain miraculeux font rêver dans les bottegas. L’étendue de son savoir, tant alchimique que philosophique, et sa liberté à les entremêler couvrent alors l’étendue de toutes les sciences. C’est pourquoi Florence, avec quelques décennies d’avance sur la Renaissance de l’Europe, s’empare de son « Opus majus ». Et le jeu favori des artisans-ingénieurs consiste à inventer sur papier ce que l’austère Bacon décrit dans ses pages comme « nécessaire pour accéder à la modernité ». Parmi ses prescriptions, on trouve : navigation sans rameur, machine pour voler, treuil pour porter des poids infinis, char sans cavalier, instrument pour marcher sur l’eau et toucher le fond sans risque, ponts qu’on jette sur les fleuves sans piliers ni soutiens d’aucune sorte, invention de machines encore inconnues… Durant ses longues années d’apprentissage chez Verrocchio, comme tous les étudiants du monde, Léonard se fait des amis pour la vie, avec qui il essaie tout et n’importe quoi : la fête, et toutes sortes d’expérimentations, tant scientifiques que sexuelles. La polyvalence est alors de règle et d’obligation. Ses explorations se poursuivent dans les bottegas avec ses compagnons, le gratin des artistes florentins.

L’atelier de Verrocchio, qui s’honore d’avoir fabriqué et installé le fameux dôme de Brunelleschi, est le lieu idéal pour tester tout matériau, toute forme à même de défier la pesanteur. « Et si on essayait de voler ? Oui, mais avec combien d’ailes ? » « Et si on inventait une bombarde qui tire dans toutes les directions ? »  Allez, on s’y colle, on l’invente, on l’améliore, on lui ajoute ceci ou cela. Crayon en main, chacun montre ses idées aux autres, qui, à tour de rôle, corrigent, retouchent… La camaraderie est profonde, Léonard est doué pour l’amitié. Par croquis interposés, tous tentent de répondre à la question qui taraude l’époque, celle de la modernité. Comment réaliser techniquement, concrètement, tout ce que Bacon préconise ? Ces ingénieurs-artisans, qui ont bénéficié d’une formation complète dans tous les arts, s’amusent à dessiner des choses improbables pour l’époque. Avec un talent qui nous stupéfie aujourd’hui encore, ils bricolent dans le merveilleux « à venir ».

Magnifiques utopies. Des armes aussi, beaucoup d’armes, à leur actif : les cités de l’époque ne cessent de guerroyer. Alors que « le plus grand peintre du monde » s’est rarement revendiqué tel – davantage sculpteur, compositeur de musique, architecte ou stratège militaire -, il ne conçoit autant d’armes que pour « tuer la guerre ». Les principes de la mécanique captivent les apprentis artistes, qui s’en donnent à cœur joie. Ainsi surgissent les roues inégales d’un ancêtre de la bicyclette, un incroyable scaphandre et des choses alors impossibles à exécuter, les matériaux pour les réaliser n’étant pas inventés. Ça n’empêche pas de jouer à perfectionner sur le papier ces magnifiques utopies. Comme Florence concentre dans son minuscule périmètre tout ce que la Renaissance enviera demain, les plus grands génies s’y rassemblent pour échafauder leurs idées de concert. Léonard était beau, grand, intelligent, drôle, charmant, des qualités nécessaires pour devenir le premier people de son époque, sorte de Découflé renaissant, aussi est-ce lui qui laisse sa trace dans tous les arts, sciences, ingénierie militaire, musique, fabrication d’automates, et même alchimiste pour certaines traditions, jusqu’aux dissections d’êtres humains… On ne prête qu’aux riches, or cet homme, qui n’a pas eu un sou vaillant de sa vie, est aujourd’hui l’artiste le plus célèbre et le plus polyvalent du monde. Depuis près d’un siècle, tout ce qui peut lui être attribué est scruté par les plus grands experts. Dame, la marque est désormais très cotée.

Ouvrages d’art. Sur ses carnets, Léonard avait l’habitude d’écrire de droite à gauche par souci de protection. Il faut un miroir pour le déchiffrer… Ici, des pages consacrées à la science hydraulique.Machines de guerre. Etude de canons lançant des boulets. A une époque où l’on guerroie à tout-va, Léonard et ses congénères ingénieurs-artisans se plaisent à concevoir des armes. 

Documentation. En 1967, on découvre deux manuscrits à Madrid. L’un porte sur la mécanique et l’hydraulique, l’autre contient l’inventaire de sa bibliothèque, qui constitue un démenti formel au mythe de l’artiste ignorant, ainsi qu’on traitait Léonard de son vivant : uomo sanza lettere. Ce qui signifie simplement qu’il ignore le latin ! Grâce à la liste de ses sources d’inspiration, on sait dans quels ouvrages il a pioché le modèle de ses machines… S’il n’a rien publié de sa vie, depuis sa mort, il ne cesse plus. « Il se bornait souvent à copier sans crier gare des recueils anciens dont ses biographes lui ont trop longtemps fait honneur, dit Daniel Arasse, ce grand historien de l’art. Il a rencontré quelques grands devanciers… » Il a beaucoup compilé.

En réalité, c’est l’étendue de la documentation rassemblée par l’artiste phare de l’Occident qui fait la différence avec ses alter ego des bottegas. Ce qu’à coup sûr il a vraiment inventé, c’est le dessin technique, tel que la modernité s’en est emparée. La beauté du trait de Léonard a beaucoup contribué à son charme. Bien sûr, son inépuisable envie d’inventer l’a incité à bricoler avec les idées de Bacon, mais pas tout seul, et peu d’entre elles étaient applicables sans danger. S’il a prétendu « voler », rêve d’Icare des origines, il n’en a jamais apporté la preuve. En témoigne l’ornithoptère, cette machine volante dont il ne fut pas le premier à rêver, mais qu’il fut assurément le plus acharné à construire. Sa vie durant, il accumule des dispositifs articulés, avec un nombre variable d’ailes ajoutées…

Machines de guerre.  Etude de canons lançant des boulets. A une époque où l’on guerroie à tout-va, Léonard et ses congénères ingénieurs-artisans se plaisent à concevoir des armes. 

Matériaux inexistants. Aujourd’hui encore, ses propositions dessinées, les seules authentifiées, tendent à nous faire croire qu’il a inventé l’avion, l’hélicoptère et même le parachute… C’est très exagéré. D’ailleurs, il n’a pu les concevoir qu’en rêve, les matériaux n’existant pas encore… Quand, à Madrid, en 2000, on retrouve par hasard un de ses carnets, dans lequel dort depuis 1485 le plan détaillé d’un parachute pyramidal, un mécène sud-américain convainc le parachutiste anglais Adrian Nicholas de le tester en sautant de 3 000 mètres, équipé de la machine de Léonard, scrupuleusement réalisée selon les plans de son créateur. Pour ne pas tricher, on n’use que de matériaux connus au siècle de Léonard, au détail près que la toile est en coton léger plutôt qu’en lin, plus lourd ! Las, pour soutenir sa voilure, l’armature est en bois de pin et pèse près de 100 kilos, quarante fois le poids des parachutes de l’an 2000. Les 2 000 premiers mètres durent cinq minutes, et c’est très long, mais la descente a lieu sans anicroche. Le parachute fonctionne bien jusqu’à 1 000 mètres du sol. Et là, heureusement que notre acrobate volant est équipé d’un parachute ventral moderne qu’il peut déployer, sinon… Pas assez souple et beaucoup trop lourd, le parachute de Léonard l’aurait tué en l’écrasant de son poids en arrivant au sol.

Déification. Les matériaux susceptibles de concrétiser ses inventions ont, pour la plupart, été élaborés dans la seconde partie du XXe siècle. Une chance pour ses thuriféraires que ses carnets n’aient été découverts qu’en ce siècle où, disposant de toute notre technologie, ces inventions sont devenues réalisables ! Depuis sa mort, Léo a été déifié pour mille et une raisons ; aussi, chaque fois qu’on croit retrouver un carnet, voire un croquis isolé, puisque des héritiers peu scrupuleux ont arraché et dispersé les pages de ces fameux livres faits main, on crie au génie. Le vrai génie du Vinci, c’est lui, et son chef-d’œuvre, c’est sa vie. Quête mécanique ou quête métaphysique, des milliers de pages à lui attribuées contiennent le rêve renaissant dont son nom est aujourd’hui le synonyme. Alors que cet homme, aux tremblements de doute, qui craignit toujours d’être un imposteur, exprimait tout le malheur mais aussi toute la vérité de l’artiste : « Le chagrin de n’être pas à la hauteur de son propre jugement »

* Biographe de Léonard (« Léonard de Vinci », Gallimard, coll. « Folio biographies », 2008) comme de Botticelli, Lippi ou Fragonard, Sophie Chauveau a publié, récemment, une biographie de Picasso en deux tomes, « Picasso : le regard du Minotaure, 1881-1937 » (Télémaque, 2017) et « Picasso : si jamais je mourais, 1938-1973 » (Télémaque, 2018).

Copier une vie en un trait de crayon

Prendre un crayon et dessiner un trait sur un bout de papier. Si le geste est banal, ce mouvement peut révéler tout un trésor d’informations sur nos capacités neuromotrices.

Une signature est une succession de traits, un enchaînement de commandes qui proviennent du cerveau. Et c’est la vitesse à laquelle le cerveau envoie ces commandes qui va nous intéresser.

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 Le cerveau contrôle la vitesse. La priorité est de reproduire le signal de vitesse le plus fidèlement possible, car c’est lui qui va nous donner l’information sur l’état du cerveau et du bras de la personne .

Copie qu’on forme …

Nous évoluons dans un monde qui essaie de nous convaincre que nous sommes malades, stressés, en retard sur le temps, sur notre époque, qui nous rabâche à tout instant que nous devrions changer, adopter telle philosophie, telle politique, telle religion, telle attitude. Nous ne savons plus ni quoi penser, ni à quel saint se vouer, ni quel style de vie adopter. Mais les réponses aux questions que nous nous posons sont en nous. Ecrire, ce n’est pas réclamer son dû au monde, c’est se le réclamer à soi. C’est un des moyens de se reconnecter à soi-même et à une dimension supérieure de son être. Nous avons besoin de retrouver un sentiment d’unité, de nous recentrer sur nous-mêmes », ne serait-ce que vous se fixer ou retrouver des repères pour avancer.

Les 7 règles d’or de Léonard de Vinci

Léonard a 67 ans et la barbe d’un sage. Son front est plissé par l’âge, comme si chaque trait de génie y avait laissé une ligne. Nous sommes le 2 mai 1519. Le peintre florentin repose dans le lit à tentures rouges de sa chambre du Clos Lucé où il s’est réfugié trois ans plus tôt après une longue carrière italienne. C’est sur les bords de la Loire, dans ce castelet en briques rouges relié par un souterrain au Château d’Amboise, que l’a installé son dernier protecteur, le roi François Ier. De sa main droite ornée de pierreries, ce dernier soutient tendrement la tête de son illustre invité, s’apprêtant à recueillir son dernier soupir… Plongé dans les yeux fatigués de l’artiste, le monarque décèle une lueur de regret : que de tableaux, de machines et d’inventions laissés à l’état d’esquisses !

Emilio Quadrelli, Buste de Léonard de Vinci (détail)

Emilio Quadrelli, Buste de Léonard de Vinci (détail), 1913

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Sous la surface un secret

Les secrets des œuvres d’art de Rouen : une cathédrale de Monet… à la météo changeante 

Les œuvres d’art expliquées par la science.

Portail de la cathédrale de Rouen, temps gris, est un exemple de la fameuse série de Monet, réalisée à Rouen (Seine-Maritime)

Les œuvres ont leurs mystères que seules des techniques de pointes peuvent percer. Voici l’histoire adaptée aux saisons d’une toile… à la météo changeante.

Le tableau en question est Portail de la cathédrale de Rouen, temps gris, issu de la fameuse série de peintures de la cathédrale rouennaise réalisée par Claude Monet. Temps gris ? Les cieux sont souvent capricieux, en Normandie, le maître impressionniste n’a pas manqué de s’y adapter. En effet, et c’est la science qui a permis de le confirmer, l’habitant de Giverny adaptait sans cesse son travail, en fonction notamment de l’atmosphère. En l’occurrence, sur cette toile, le temps n’a pas toujours été maussade…

« Dans ce célèbre tableau peint à Rouen en 1893, Monet a superposé deux compositions différentes. Le rayonnement ultra-violet a mis en évidence des restaurations anciennes masquant des pertes de matière, principalement sur les portails et le long de la tour d’Albane. En retirant ces repeints (Ndlr des motifs rajoutés ensuite), il a été possible de mettre à jour les couleurs de la couche sous-jacente. » 

Le premier projet de Monet comportait des jaunes sur le bord et des oranges sur la porte centrale évoquant non pas un temps gris mais un temps ensoleillé. 

En fait, certaines toiles de cette série (40 tableaux de la cathédrale peints entre 1892 et 1894) ont ainsi été retravaillées, au gré des changements d’ambiance, jusqu’à leur exposition à Paris en 1895. 

Les techniques scientifiques révèlent les différents couches de peinture et ainsi l’évolution de la composition. 

ET voilà …

En conclusion :

Merci à Philippe Geluck

Qu’est-ce que la science ?

 

 

D’innombrables tentatives ont été faites pour définir la science. Compte tenu des circonstances contemporaines, il nous a paru intéressant de mettre en exergue la volonté de savoir. Certes, cette volonté ne suffit pas, il faut aussi un procédé de connaissance efficace, mais elle joue un rôle important.

 

Plan de l’article :

  1. Une volonté de savoir et des moyens adaptés
  2. Une connaissance qui se dote de garanties
  3. La science apporte un savoir sur le monde
  4. La science évolue, elle a une histoire
  5. La science interagit avec la société

Texte intégral :

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Léonard de Vinci (1452-1519), une machine à chefs d’oeuvre.


Un artiste pour notre siècle

Incarnation même de l’artiste de la Renaissance, Léonard de Vinci reflète aussi parfaitement les préoccupations de notre époque.

Sur les 8 000 feuilles connues du maître florentin, la reine d’Angleterre en possède 450 à elle seule . Sachant que le Musée du Louvre  possède cinq peintures, soit le plus grand ensemble au monde, que le corpus de l’oeuvre peint est de 30 à 40 oeuvres suivant les spécialistes et que les tableaux de la Renaissance sont de la plus extrême fragilité.

Si Léonard de Vinci est aujourd’hui encore l’objet d’une telle fascination c’est sans doute parce que son oeuvre et sa personnalité coïncident avec l’esprit du xxie siècle.

Explication en cinq tableaux.

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L’image Double

En dehors de la charge affective que la vision d’un simulacre attribue à la perception d’un objet, celui-ci peut aller jusqu’à changer de nature et se confondre dans un autre. Une pomme peut se changer par exemple en épaule, sans qu’aucun élément ne soit modifié dans la réalité. Les deux visions constituent deux simulacres qui, lorsqu’ils coexistent en une même forme, constituent « une image double : c’est-à-dire la représentation d’un objet qui, sans la moindre modification figurative ou anatomique, soit en même temps la représentation d’un autre objet absolument différent, dénuée elle aussi de tout genre de déformation ou anormalité qui pourrait déceler quelque arrangement […] Ces nouveaux simulacres menaçants agiront habilement et corrosivement avec la clarté des apparences physiques et diurnes »1.

Il s’agit là de l’un des procédés centraux de la démarche paranoïaque-critique. Salvador Dalí en situe l’origine lorsque, enfant, il avait aperçu en bord de mer, à Cadaqués, des arbustes dont les feuilles étaient animées d’un mouvement propre et semblaient capables de marcher toutes seules. La découverte de ces feuilles, qui s’avéraient être des insectes, des phasmes, fut pour lui la « révélation du mimétisme » qui « influença la cristallisation des images paranoïaques »2.

Métamorphose de Narcisse, 1937
Huile sur toile, 51,1 x 78,1 cm
Tate, Londres. Achat, 1979

Image double et double image, jeux de miroirs et réversibilité du sens… Dans Métamorphose de Narcisse, Dalí rattache sa démarche paranoïaque-critique à la tradition picturale baroque, qui associait au motif des reflets le thème des apparences fugitives du monde sensible. S’inspirant du mythe de Narcisse, mis en vers par Ovide dans ses Métamorphoses, il invoque également la tradition classique pour mettre sa mythologie personnelle en abîme. Le narcissisme du peintre est ici au cœur du sujet. Le personnage de pierre qui observe son reflet dans l’eau se reflète également dans la figure de gauche, représentant une main qui tient un œuf. Or, l’image de la main, organe du peintre, objet de son narcissisme, se confond avec celle d’un personnage dont la posture méditative, voire mélancolique, pourrait aussi bien être celle de la masturbation. L’artiste évoquerait ces moments où, prostré au pied du Parnasse, il se livre aux plaisirs de l’onanisme, sublimant dans leurs représentations les phantasmes sexuels qu’il ne peut assouvir.

Paradoxalement, et bien que la main soit envahie par les fourmis, l’œuf qu’elle porte au ciel donne naissance à un narcisse, annonçant une renaissance qui a peut-être lieu dans l’œuvre même.
L’ambivalence des images associée à leur dédoublement traduit par ailleurs une interrogation du peintre sur sa propre identité, celui-ci revenant souvent sur le sujet de son frère mort avant sa naissance. Egalement appelé Salvador, il lui avait été non seulement donné son prénom mais aussi ses premiers habits. Le thème de la gémellité recoupe ainsi celui du double, brouillant un peu plus les pistes interprétatives.

Un philosophe qui joue à cache – cache

1940. Le peintre surréaliste Salvador Dalí vient de terminer une toile à l’aspect mystérieux. Il décide de l’intituler Le Marché d’esclaves avec apparition du buste invisible de Voltaire. Un buste invisible, vraiment ? Comme souvent avec Dalí, le titre intrigue et surprend…


Salvador Dalí, Le Marché d'esclaves avec apparition du buste invisible de Voltaire, 1940, huile sur toile, 46 x 65 cm, The Salvador Dalí Museum, Saint Petersburg, Floride © Salvador Dalí Museum Inc. St Petersburg, FL 200

Au premier coup d’œil, il est pourtant facile de repérer le marché aux esclaves : il suffit de regarder les personnages situés sous l’arche en ruine, au beau milieu de la toile. Mais en ce qui concerne « le buste invisible de Voltaire », c’est peut-être moins évident.


Détail de l'œuvre © Salvador Dalí Museum Inc. St Petersburg, FL 200

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